Trois films récemment sortis, Le Temps qu’il reste du palestinien Elia Suleiman, Inglourious Basterds de l’étasunien Quentin Tarantino, et Un prophète du français Jacques Audiard, auront à juste titre marqué le dernier Festival de Cannes. Les films de Quentin Tarantino et de Jacques Audiard sont de puissantes propositions de cinéma, qui ont reçu les honneurs de Cannes (Prix d’interprétation pour Inglourious Basterds et Grand Prix pour Un prophète), et reçoivent en ce moment même un excellent accueil autant de la part de la critique que de celle du public. Il est pourtant regrettable que leur succès fasse de l’ombre au film d’Elia Suleiman qui leur est esthétiquement supérieur, qui est politiquement plus ambitieux, et qui a pour désir d’interroger les régimes de perception et de représentation avec lesquels les spectateurs nouent relation avec les questions de l’imaginaire, de l’histoire et de la réalité relatives au conflit israélo-palestinien. C’est pourquoi nous allons nous attarder ici sur Le Temps qu’il reste qui revisite avec une intensité comique rare la généalogie de la tragédie palestinienne.